mardi, novembre 07, 2006

 

American Psycho

Comblant un certain retard sur mon camarade hype Germain (Dieu le bns), je viens de regarder American Psycho. Christian Bale est si parfait qu'il fait douter de sa santé mentale. Il va finir par méditer et se déguiser en chauve-souris.

Tourné par Mary Harron, ce film semble tout d'abord limité dans l'horreur par une touche féminine. Toute barbarie est suggérée dans la mesure du possible, au lieu d'être exploitée à grands coups de rouge qui tâche. Et c'est toute la force de cette oeuvre. Au lieu de trembler, de s'indigner pour les victimes, le spectateur est amené à s'interroger sur l'environnement de ces crimes, la personnalité du tueur.

Patrick Bateman (prédestination à faire bondir) a le même problème que des millions de personnes : il semble ne pas exister. Il peut disparaître, peu de monde en sera affecté. La société est individualiste à outrance ; comme les autres il sculpte son corps, cultive son narcissisme et son égoïsme. Pour prouver son existence, Patrick a deux possibilités : devenir le centre du monde ou transgresser les interdits.

Devenir, et rester, le centre du monde n'est pas facile à Manhattan. Les concours de costume, cartes de visite et succès professionnels font rage (tout le monde se fout des succès sentimentaux, naturels quand on a de l'argent). Patrick a des envies de meurtre quand un collègue le surpasse. Au point que ce n'est plus une image. Il s'engage donc dans une autre voie, prendre la vie des autres, leur énergie (parfois en les mordant, en les mangeant), pour se donner une consistance.

Plus que jamais le monde reste indifférent à Patrick. Ses collègues comme la société ne se rendent compte de rien, accroissant ainsi sa souffrance. Il se livre alors à une surenchère dans le massacre, qui là encore reste sans réponse. Patrick a beaucoup de chance. Ou il est protégé et bénéficie de complicités (chauffeur, avocat, père... au spectateur de se faire son idée). Car les traces qu'il ne peut gommer, quelqu'un s'en occupe. La tentative de Patrick pour se faire remarquer est donc un échec total. A celui qui serait tenté de penser que Patrick a beaucoup d'hallucinations (cf épisode du chat), je rappelle par exemple le drap maculé de sang qu'il adresse au pressing.

Quelque chose est cassé en lui dit-il, ne fonctionne pas. Cela sent typiquement le traumatisme enfantin lié à un manque d'affection paternelle. Patrick partage les fonctions de Vice President au sein de la société de son géniteur. Or ce dernier n'apparaît jamais et n'est cité qu'une fois fans le film. Patrick n'a aucun contact avec sa famille. Ses amis sont liés à son environnement professionnel et sont avec lui par pure circonstance plutôt qu'affinités. D'ailleurs lorsqu'il quitte sa fiancée, celle-ci obtient la garde de leurs amis communs. Virtuellement débordé et entouré, Patrick est totalement seul. Personne ne l'écoute.

Il manque une opportunité, une issue, avec sa secrétaire, qu'il invite un soir dans son appartement. Ils flirt naïvement : elle lui confie ses projets, il réfléchit au moyen le plus agréable de la tuer. Optant pour un pistolet à clous, il la laisse finalement sauve, lui confiant que si elle reste, il va lui faire du mal. C'est un mini-triomphe de la simplicité, d'une certaine fraîcheur. C'est le seul personnage du film capable de se soucier un minimum des autres, peut-être parce qu'elle n'a pas fait d'études supérieures et a encore une certaine humilité (je suis évidemment dans la transposition et l'analyse du film, pas dans l'avis personnel =)). Alors que tous sont convaincus que Patrick respire la bonté, elle sera au final la seule à percevoir la vérité.

Ainsi donc il y a une porte salutaire à ce monde oppressant : l'altruisme. Aime ton prochain comme tu aimerais qu'il t'aime. N'espère pas récolter si tu ne sèmes rien etc etc. Une histoire de tueur en série capable de me faire écrire une bonne page et de déboucher sur cette conclusion est tout sauf anodine. Faut que je mette la main sur le livre.

Comments: Enregistrer un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?