mardi, novembre 07, 2006
La cuisine des libéraux
Vous êtes chez vous, en train de faire la sieste ; il doit être 19h, la nuit commence à tomber. Vous entendez du bruit depuis quelques minutes, sans y prêter attention. Lorsque finalement vous vous levez, vous apercevez quelqu'un dans la cuisine. Panique totale, vous êtes figé, incapable de parler ou de penser à téléphoner. Quand enfin vous réagissez, votre visiteur vous remarque et se sauve. Il n'a rien volé, fouillé aucune autre pièce, juste mangé tout ce qu'il pouvait. Il aurait bien aimé se laisser mourir plutôt que de vous embêter mais il a craqué au dernier moment.
C'est arrivé à une amie de mes parents. Elle était partagée entre deux chocs : celui du viol de son domicile et celui de la conscience de l'existence de telles situations. Malthus, un des premiers « libéraux », était partisan du laissez-faire économique mais aussi du laissez-faire social : halte aux politiques d'aide des plus démunis, coûteuses, elle n'incitent pas au travail et ne stimulent pas l'économie. Toutefois, il était sincèrement soucieux du bien-être des défavorisés : il prônait le mariage tardif pour limiter la taille d'une famille et ainsi lui permettre de « s 'en sortir » mais surtout la charité privée. Il est du devoir du bon libéral d'aider son prochain pour le remettre sur les rails du travail. Contrairement à l'aide étatique, la charité privée est personnalisée, directe et donc sans gaspillage : son efficacité est maximale.
Sous prétexte que nous payons nous ou nos parents des impôts, devons nous pour autant délaisser le secours de proximité ? Une ex, d'une générosité exemplaire avec son entourage, me confiait avec courage et lucidité : « J'ai plus de pitié pour un animal qui souffre que pour un clochard ». J'ai de la chance, je n'aime pas les animaux.